Focus sur une œuvre
Huile sur toile
244 x 206 x 2,5 cm
Inv.: 1986.11
Photo : D. Huguenin
Sans titre fait partie d’une série portant le nom de « Meuns », un petit village bordé de champs situé prés de Fontainebleau. La toile a été nouée avec soin, puis humectée et enduite d’apprêt, avant de recevoir la couleur choisie. L’éclatement de la forme obtenue, l’aplat de la peinture et les courbes évoquent les papiers découpés de Matisse. Simon Hantaï utilise le pliage comme une méthode. Pliée ou nouée méthodiquement, la toile ne recevra de la peinture que sur quelques unes des facettes déterminées. Cette démarche est proche des méthodes employées par les surréalistes. Le peintre entend faire surgir ici des formes non voulues, non préconçues, où la subjectivité est absente. Bien que le fait de choisir un format et une couleur est déjà une manifestation de celle-ci, Hantaï remet en question de manière radicale la peinture, et invente une nouvelle manière d’explorer la surface de la toile, de mettre en rapport le peint et le non–peint.
Simon Hantaï est né en 1922 à Bia en Hongrie. Il occupera une place déterminante dans la création plastique à partir des années 1950, stimulant une nouvelle génération d’artistes. Avec son style surréaliste, il se fera très vite remarquer par André Breton, jusqu’à ce que Hantai affiche des influences directes pour les « drippings » de Jackson Pollock et l’abstraction lyrique de Jean–Paul Riopelle. En 1960, il met au point sa technique de pliage sur toile et en épuisera toutes les combinaisons. Après avoir participé à la Biennale de Venise en 1982, Hantaï s’est retiré de la scène artistique, jusqu’en 1998 date de sa dernière exposition à Paris.