Focus sur une œuvre
Peinture acrylique sur bâche découpée
161,5 x 506,5 cm
Inv.: 1989.8
Photo : D. Huguenin
Claude Viallat a été et reste le protagoniste le plus déterminé et le plus influent de Supports-Surfaces. Ce groupe, dont la brève existence fut riche en péripéties, s’inscrit désormais, dans l’Histoire de l’Art au XXe siècle, comme la dernière avant-garde. Il fut, en effet, l’ultime mouvement qui, dans le jeu paradoxal de ses contradictions, caractéristiques de la modernité, a voulu, non pas mettre fin à l’art, mais en finir avec une esthétique dont il lui fallait faire table rase pour en quelque sorte refonder l’art, un art enfin délivré de toute fiction et de toute illusion. Contrairement à l’ambition des membres du groupe BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni), le dessein des artistes de Supports-Surfaces ne fut pas l’exhibition spectaculaire du dernier tableau, le dernier tableau à répéter, dans une réitération compulsive, jusqu’à l’épuisement de l’art et l’achèvement de l’Histoire. Ils n’ont pas, non plus, aspiré au retour à l’origine vers le « lait nourricier des civilisations oubliées » ou célébré l’icône de la Cité Idéale que bâtira un avenir radieux. Plus simplement, en évitant les écueils du matérialisme mécaniste, ils ont entrepris une déconstruction du tableau, de l’œuvre d’art en ses éléments constituants qui est à mettre en parallèle avec la démarche des artistes minimalistes américains dont ils récusaient cependant le pragmatisme phénoménologique parce que, selon eux, il faisait trop peu de cas de l’histoire.
Claude Viallat est né à Nîmes en 1936 où il vit toujours.
Il a étudié à l’Ecole des Beaux-arts de Montpellier de 1955 à 1959, puis à l’Ecole des Beaux-arts de Paris en 1962-63 dans l’atelier de Raymond Legueult. En 1966, il adopte son procédé avec sa forme au pochoir. En 1969, il est un des membres fondateurs du groupe Supports-Surfaces. Il a enseigné dans plusieurs écoles d’art: Nice, Limoges, Marseille, Nîmes, Paris. Il expose beaucoup en France et à l’étranger, au Centre G. Pompidou notamment, et en 1988 à la Biennale de Venise.